Les restaurateurs tirent à boulet rouge sur « Le Voyage à Nantes »

Interview : Philippe Quintana, le président de l’Association des Professionnels Indépendants de l’Industrie Hôtelière (APIIH) va demander qu’une étude indépendante soit réalisée afin de connaitre précisément les retombées économiques de la manifestation culturelle, « Le Voyage à Nantes » qui s’est déroulée cet été.

« Manque de transparence », « pas d’appel d’offres », « date mal choisie », « événement nanto-nantais », Philippe Quintana à la dent très dure contre cette manifestation conçue par Jean Blaise et financée par Nantes Métropole

Entreprise-Nantes.fr: « Le Voyage à Nantes » a –t-il été à la hauteur de vos espérances en terme de fréquentation touristique?

Philippe Quintana: Pas du tout. Pour être honnête, les établissements qui  étaient sur le  fameux « circuit rose » ont bénéficié d’une bonne affluence touristique, ils ont bien travaillé. Il n’y avait qu’à voir la queue au pied de la Tour de Bretagne certains jours.  Le mauvais temps a en plus attiré des touristes de la côte qui ont préféré les pavés à la plage. Mais les autres cafés restaurants et hôtels, ceux qui n’étaient pas aux abords du circuit, eux,  n’ont pas bénéficié d’un centime de retombées. Rien.

Vous voulez dire que seuls quelques établissements ont vu leur fréquentation augmenter avec « le Voyage à Nantes » ?

Absolument. J’ajouterai même que cet événement était stricto nanto- nantais, ce qui d’ailleurs devrait faire s’interroger les maires de l’agglomération. Cette manifestation a été financée par Nantes Métropole. Tous les maires de l’agglomération ont signé un chèque de 12 millions d’euros et ils n’ont eu aucune retombée. Ils devraient demander des comptes à l’agglo.

La météo capricieuse est, vous en conviendrez, le principale responsable de cette mauvaise saison non ?

Le mauvais temps a plombé la saison certes mais « le Voyage à Nantes » n’a pas été le booster attendu. Nous ferons les comptes à la mi-octobre mais on sait déjà que certains établissements, notamment avec terrasses, ont vu leur chiffre d’affaires baisser de 30%.  L’automne sera dur à passer eux.

On vous sent très remonté contre cette manifestation qui a eu d’importantes retombées médiatiques ?

Je ne porte pas de jugement sur l’aspect culturel. Chacun son métier. Mais ce genre de manifestation est financé par l’argent public. Avec cet argent, on a créé des cafés éphémères qui sont venus directement nous concurrencer ! On ne nous a pas consulté, les dates ont été mal choisies, il n’y a pas eu d’appel d’offre et le pire, passe encore qu’on me traite de surveillant général (Philippe Quintana s’était interrogé en juin dernier sur cette manifestation, ce qui lui avait valu ce surnom de la part des responsables du « Voyage à Nantes ». Ndlr), mais entendre les créateurs de cette manifestation dire qu’ils n’ont de compte à rendre à personne, c’est gravissime…

A propos de comptes à rendre, vous souhaitez une enquête ?

Parlons plutôt d’étude. Je souhaite en effet qu’une étude soit menée, en toute indépendance pour connaitre exactement les retombées de ce « Voyage à Nantes » par rapport aux investissementx réalisés.