IRT Jules Verne : un outil pour soutenir les ambitions industrielles de la France

Lancé il y a à peine six mois, l’Institut de Recherche Technologique Jules Verne à Nantes rentre dans une phase opérationnelle. Cet outil, qui réunit quelques gros poids lourds de l’industrie navale et aéronautique comme DCNS, Alsthom et STX, ainsi que des partenaires académiques et institutionnels, affiche de grandes ambitions : devenir un centre de recherche de référence mondiale. Le site principal de l’IRT sera basé à Nantes sur un vaste campus, vitrine qui rassemblera tous les acteurs sur un ensemble de 65000m2.

Ce matin, réunis autour de son directeur général, Stéphane Cassereau, les grands acteurs de l’IRT Jules Verne ont présenté à la presse cet outil industriel, un des programmes phares des investissements d’avenir.

4 filières développées par l’IRT Jules Verne

L’IRT Jules Verne a pour objectif de fédérer sur le long terme (10 ans) une trentaine d’acteurs industriels, des grands groupes mais également des PME/PMI réunies sous la forme d’un GIE (L’Albatros) autour de grands projets de recherche concernant 4 filières : L’aéronautique, la construction navale, l’énergie et les transports terrestres. L’IRT travaillera autour de trois axes principaux en vue d’améliorer les cycles de productions et le couplage produit/procédé : la conception de pièces et structures complexes, le développement de procédés innovants de fabrication de pièces complexes et la conception de l’usine du futur.

« Nous souhaitons créer des relations durables. L’IRT est une structure qui rassemble des gens sur 10 ans, pas uniquement sur le temps d’un projet, comme c’est le cas pour les pôles de compétitivité » explique le directeur général de l’IRT Jules Verne, Stéphane Casserau.

Concrètement, les membres de L’IRT vont développer des centres de recherche communs. Les chercheurs mis à disposition par les grands acteurs de l’IRT travailleront ensemble sur plusieurs projets. Ces derniers doivent ensuite servir en priorité les intérêts de ses membres. « Le pole EMC2 (pôle de compétitivité de Nantes) est un club, un lieu d’échange dans lequel quelques adhérents imaginent des projets. Mais ensuite il faut aller chercher le financement alors que l’IRT réalise lui-même des projets »  précise Alain Bovis, directeur executif DCNS Research. 

350 millions d’euros sur 10 ans pour l’IRT Jules Verne  

Coté investissement, L’IRT Jules Verne représente un engagement de 350 millions d’euros sur 10 ans : 115 M€ en provenance de l’Etat, 120 M€ versés par les entreprises et 100 M€ par les collectivités. A terme, il comptera près de 250 personnes.

La concurrence : un facteur qui pousse les acteurs de l’IRT Jules Verne à travailler ensemble

« La technologie est de plus en plus importante. Cela nous oblige à être à la pointe de la recherche. C’est une question de survie » explique Maryse Françoise-Xausa, Vice-Présidente Global R&D chez Alsthom, groupe qui se spécialise aujourd’hui dans l’hydraulique, l’éolien et les énergies marines. « Avec l’IRT, on crée de l’expertise, c’est durable et cela va permettre de créer de l’emploi » affirme-t-elle.

« L’innovation va de plus en plus vite. Il faut garder de l’avance sur des concurrents de plus en plus agressifs » renchérit Alain Bovis (DCNS) pour expliquer l’impérieuse nécessité, selon eux, de réunir leurs compétences. De toute façon, « le marché nous y contraint » déclare Stéphane Klein de STX. « On doit répondre à la concurrence par des navires plus économes, plus propres, avec des structures plus légères et donc moins consommatrices d’énergie » explique-t-il et de conclure : « il y a des efforts à faire en R&D ».

Enfin, l’IRT devrait avoir un effet « accélérateur » du transfert technologique des laboratoires vers les industries » et contribuer à rattraper le retard pris dans ce domaine. Par exemple, les chercheurs mettront à disposition leurs travaux de recherche sur les énergies marines.

Les 4 projets de l’IRT Jules Verne

– La durabilité des structures 

« Le cout de la corrosion représente 3% du PIB des USA » explique Alain Bovis (DCNS) pour justifier l’importance de ce chantier qui vise à améliorer la durabilité des structures face au danger de la corrosion. Les industriels doivent aujourd’hui trouver des solutions innovantes. Ils sont de plus en plus confrontés aux contraintes légales qui interdisent l’utilisation de produits chimiques pour lutter contre la corrosion.  « C’est un enjeu stratégique pour le développement de structures en mer » selon Alain Bovis.

– L’allègement des structures 

« Aujourd’hui, avec le coût de l’énergie qui s’envole, nos clients sont pressés d’avoir des solutions mais cela ne doit pas se faire au détriment de la sécurité » explique Stéphane Klein (STX). L’IRT Jules Verne a pour mission de trouver des solutions pour alléger les structures des navires notamment tout en évitant de fabriquer des embarcations trop fragiles.

 – L’allègement des composites

L’IRT va lancer un programme d’analyse du comportement des matériaux composites en milieu hostile, éolien et hydraulique.

Cet axe de recherche est également une des priorités pour les acteurs de l’IRT. « Plus c’est léger, plus c’est facile à mette à l’eau » résume en quelques mots Maryse Françoise-Xausa (Alsthom)

 – Le bassin numérique

L’IRT Jules Verne doit également développer des logiciels et séries de logiciels permettant de concevoir en amont une importante partie de l’innovation.  Par exemple, ces outils numériques doivent permettre de  comprendre comment une structure se comporte dans une houle extrême. A quel moment il va couler, et en combien de temps. Ces logiciels seront ensuite mis au service des entreprises et des industriels.

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