Le suicide par le feu dun chômeur de 43 ans devant lagence Pôle Emploi Nantes-Est a suscité une très vive émotion, jusquau sommet de lEtat. Lhomme était en fin de droits sociaux et avait alerté les médias de son intention suicidaire. Il a été jusquau bout.
Djamal Chaab est mort hier en simmolant par le feu devant lagence Nantes-Est de Pôle Emploi, au 8 bis rue de la Garde, un établissement situé au cur dune zone industrielle. Il avait 42 ans et venait de déposer un dossier auprès de lorganisme pour percevoir lallocation chômage après une brève période de travail en intérim (voir notre article en date du mercredi 13 février 2013).
Deux mails envoyés à la presse
Il estimait avoir réalisé suffisamment dheures (610 minimum selon le règlement) pour être dans son droit, mais Pôle Emploi a rejeté sa demande après avoir constaté quil navait pas signalé une partie de son activité effectuée en décembre 2012.
Ecoeuré, il a très vite fait part, dabord à ses conseillers puis en informant la presse, de son intention de se donner la mort sur les lieux même de lagence où il était inscrit. Le journal local Presse Océan a reçu deux mails de M. Chaab mardi dernier. Dans le premier, l’homme indiquait vouloir mettre sa menaces à exécution dans la journée. Dans le second, transmis quelques heures plus tard, il racontait sêtre rendu à Pôle Emploi « avec cinq litres dessence » mais la fermeture de l’établissement ce jour-là l’a contraint à remettre son projet suicidaire au lendemain ou au surlendemain.
Sa « menace avait été prise très au sérieuse par Pole emploi qui avait mis en place tout laccompagnement inhérent à ces situations » a précisé la déléguée régionale SNU chez Pole emploi.
Alertée, la police a tenté de se rendre au domicile du malheureux pour le raisonner mais sans ly trouver. Des rondes ont alors été organisées sur le parking de lagence Nantes-Est mais Djaman Chaab, extrêmement résolu, est parvenu à passer entre les mailles du filet, peu après midi.
Dissimulé « dans un coin », échappant au regard des agents de police, il sest aspergé dessence et sest immolé par le feu. Il est décédé peu après.
Réaction de l’ancien maire de Nantes
Cet acte désespéré, qui renvoie aux conséquences sociales désastreuses de la crise et à limpuissance des services publics, a suscité des réactions en haut lieu : celle dabord du premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, qui sest dit « très choqué par ce drame qui nous interpelle tous ».
Le ministre du Travail Michel Sapin, qui sest rendu sur place, a tenté de déculpabiliser le personnel de Pôle Emploi dont il a salué lexemplarité, et estimé quil avait agi « comme il se devait », précisant que « des solutions avaient été proposées » à M. Chaab, mais « qu’aucune main tendue n’a permis d’arrêter son geste ».
La CGT chômeurs sest faite beaucoup plus sévère. Dans un communiqué, elle dénonce « l’inhumanité avec laquelle les chômeurs sont traités les poussant comme aujourd’hui à mourir de pauvreté sous couvert de l’application d’une règle qui ne sert qu’à sanctionner, fliquer et humilier les chômeurs ( ). Pôle emploi ne peut pas se dédouaner de ses responsabilités dans cette affaire même si la procédure a été respectée ».