Sarkozy à Nantes : quelle « méprisance ! »

Cinq ans après la « bravitude » de Ségolène Royal, le néologisme inventé par Nicolas Sarkozy hier soir au Zénith de Nantes devrait faire date. Le président-candidat a parlé de « méprisance » à l’endroit d’une certaine élite dirigeante. Sur Twitter, cette bourde linguistique a fait mouche.

Les politiques se plaignent souvent d’être les victimes des micros traîneurs qui les suivent partout sur le terrain, guettant leur moindre dérapage.

Mais là, la langue de Nicolas Sarkozy a fourché à la tribune, devant les caméras « officielles ». C’était hier soir au Zénith de Nantes. Le président-candidat y a tenu un meeting devant 7 000 de ses supporters.

Après la « bravitude » de Ségolène

Au détour d’une phrase censée épingler le conservatisme des élites, l’orateur a employé un substantif qui a sonné faux à plus d’une oreille : « Je veux apporter des réponses qu’on ne comprendra pas dans un certain nombre de cercles dirigeants, des réponses qu’on va regarder avec cette méprisance, cette attitude hautaine … »

Il y a fort à parier que la « méprisance » de Sarkozy entre de plain-pied dans le glossaire des néologismes fumeux où figurent déjà en bonne place la « bravitude » inventée par Ségolène Royal en 2007 et la plus récente « soignade » lâchée par Arnaud Montebourg.

Pour être tout à fait honnête, précisons que le « terme » est référencé dans certains dictionnaires de vieux français (le mot est issu du latin « pretium » signifiant  « mépris »).

Mais, à y regarder de plus près, Sarkozy n’est pas loin de remporter la palme académique des approximations verbales. Lors de sa campagne de 2007, le leader de l’UMP s’était déjà illustré en brevetant le mot « héritation » (pour héritage), ainsi que les vocables « trentagénaire » (pour trentenaire) et « conquérance » (pour conquête).

Des précédents fâcheux

Mieux : A la question de la journaliste Helène Jouan «Est-ce que vous craignez qu’il y ait un rendez-vous manqué entre la France et cette campagne? Est-ce que vous avez l’impression que vous avez été au rendez-vous, que vous avez réussi à susciter le débat?», il avait répondu, sans hésiter une seconde : «Hélène Jouan, ne me prêtez pas une telle fatitude ». Comprenez « fatuité » qui signifie « prétention ridicule ».

Comparés à ces perles, les « abracadabrantesque » (lointaine référence à un texte d’Arthur Rimbaud) et « pschitt » employés par Chirac mériteraient presque de figurer dans le Thésaurus édité par Larousse.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).