Regain de tension à Notre-Dame-des-Landes (Nantes)

A deux mois des élections régionales, la Préfecture de Loire-Atlantique, qui vient d’annoncer la reprise des opérations de débroussaillage sur le site du futur aéroport, sème la division à gauche et renforce la détermination des opposants de la première heure.

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Il aura suffi d’une petite phrase pour braquer, le temps d’un week-end, tous les projecteurs sur Notre-Dame-des-Landes, épicentre de toutes les crispations politiques à deux mois des élections régionales. Vendredi soir, la Préfecture de Loire-Atlantique, relayant une décision de Matignon, annonçait l’ouverture d’un appel d’offres pour mener des opérations de débroussaillage et de déblaiement dont l’objectif vise à rétablir l’accès au site où doit s’élever avant 2020 le nouvel aéroport nantais. Sur place, il n’en fallait pas plus pour affoler le baromètre des sensibilités et des tensions humaines, déjà vives depuis l’échec judiciaire des opposants en juillet dernier.

La maire de Nantes satisfaite

Car derrière la phase préparatoire de défrichement, c’est bien la perspective des terrassements et les coulées de béton qui se profile à l’horizon de Notre-Dame-des-Landes où, sur la zone d’aménagement différé (ZAD) de 1 200 hectares consacrée au programme, se retranchent encore des militants anti-aéroports et les derniers habitants menacés d’expulsion. Vendredi, juste avant l’annonce préfectorale, le tribunal d’instance de Nantes a examiné la requête déposée par AGO (Aéroports du Grand Ouest), le concessionnaire du futur aéroport, visant à faire évacuer une ferme implantée au lieu-dit « La Noé Verte » à Grandchamp-des-Fontaines  où des opposants ont entrepris d’installer une conserverie (la décision a été mise en délibéré au 3 décembre).

Mais l’enjeu se situe également sur le terrain politique : les présidents des Chambre de Commerce et d’Industrie des Pays de la Loire et Bretagne se sont réjouis de la reprise des travaux , « une excellente nouvelle pour tout le Grand Ouest car on va pouvoir créer les 3.500 emplois et 5.4 millions d’heures de travail concernés par ce chantier ». Du côté des élus, on retouve le président de Région Jacques Auxiette (PS), son vice-président Christophe Clergeau, candidat en tête de liste aux prochaines élections régionales, le député de Loire-Atlantique et ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault, et la maire de Nantes Johanna Rolland. Tous saluent des décisions « de bons sens au regard de l’’évolution du trafic aérien dans l’Ouest » et soulignent que « plus aucune procédure, ni en France ni au niveau européen ne conteste le bienfondé de la décision de transférer l’aéroport ». Au risque de compromettre les alliances (encore officieuses) entre les socialistes et les écologistes pour faire barrage à la droite en décembre prochain :  « Comment peut-on, un mois avant de dérouler le tapis vert aux chefs d’Etats du monde entier (…), envisager de dérouler un tapis de béton au milieu de la plus grande zone humide d’Europe de l’Ouest (…) »,a réagi Sophie Bringuy, tête de liste Europe Ecologie les Verts (EELV) pour les régionales.

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