Macron enterre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes

L’annulation du chantier sera compensée par un agrandissement de Nantes-Atlantique dans des délais « rapides » a promis le premier ministre Edouard Philippe.

La hache de guerre va-t-elle être enterrée avec le lourd dossier du nouvel aéroport, qui alimente depuis près de cinquante ans les tensions locales autour de Nantes, et même au-delà du département de Loire-Atlantique ? C’est sans doute cette carte pacificatrice que tente de jouer le président de la République Emmanuel Macron en désamorçant la bombe constituée par ce gros projet d’aménagement lancé sous le second mandat de Charles de Gaulle, en 1963, à l’époque où la France mettait la dernière main à l’avion supersonique Concorde, avec l’appui de la British Aircraft Corporation. Une page révolue dont la seule mention achève d’anachroniser le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui devait initialement servir de base au géant des airs, avant que la première crise pétrolière ne mette, dix ans plus tard, les bétonneuses en veille.

La terre rendue aux agriculteurs

Ces cinq dernières années, l’angle médiatique du dossier s’est réduit au prisme des résistances (parfois musclées) qui, hors du champ politique lui-même fracturé, se sont organisées sur la fameuse ZAD* d’où 260 agriculteurs ont été expropriés, progressivement relayés par des groupes d’opposants qualifiés par leurs adversaires  d’activistes radicaux, prêts à tout pour préserver cette zone humide et faire barrage aux bulldozers. Entre-temps, quelque 169 décisions de justice ont donné leur aval à la construction du nouvel aéroport, renforcées en 2016 par un référendum circonscrit à la Loire-Atlantique dont le « oui » est sorti majoritaire (55%).

Un processus légal qui, selon le gouvernement, n’a pas suffi à légitimer un projet trop ancien pour s’inscrire dans le contexte incertain de son époque, affaiblie par un ressort économique usé et portées par des sensibilités citoyennes immuables qui font écho à celles qui s’étaient exprimées sur le plateau du Larzac dans le creux des années 1970. Au cours de son allocution, le premier ministre Edouard Philippe a parlé de « l’aéroport de la division », incapable de réconcilier deux camps aux positions beaucoup trop tranchées, ni susciter un consensus irréfutable dans l’ensemble de l’opinion publique : « les conditions ne sont pas réunies » a-t-il annoncé devant la presse. Et d’ajouter que « les terres ne seront pas gardées par l’Etat et ont, par conséquent, vocation à retrouver leur fonction agricole », quitte à être rendues à leurs anciens propriétaires, « s’ils le souhaitent ».

Evacuation de la ZAD au printemps

La nouvelle actualité locale portera donc sur l’agrandissement de l’infrastructure historique de Bouguenais : « L’aérogare de Nantes Atlantique sera modernisée et les abords de piste seront aménagés pour permettre à l’aéroport d’accueillir plus de passagers » a promis Edouard Philippe. « En parallèle, la procédure pour l’allongement de la piste sera engagée et tout sera mis en œuvre pour réduire les nuisances sonores au-dessus de la commune riveraine de Saint-Aignan-Granlieu ». Le calendrier des travaux à réaliser sur place n’a pas été détaillé mais il sera  « rapide » selon Matignon.
Le Chef du gouvernement a par ailleurs annoncé que la « ZAD » devra être libérée de ses « occupants illégaux », invités à partir d’eux-mêmes d’ici le printemps prochain, faute de quoi « ils seront expulsés ».

*(Zone d’aménagement Différé)

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).