Entretien avec Vincent Plançon, directeur de lInstitut de la Filière Numérique (Nantes).
Entreprise-Nantes.fr : Présentez-nous en quelques mots lInstitut des Métiers de lInformatique et de lEntreprise
Vincent Plançon : LIMIE est une école dinformatique créée à Nantes en 1994. A lorigine, elle était orientée vers les certifications éditeur mais elle a pris un virage en 2008 à la demande des étudiants et des entreprises qui souhaitaient des formations diplômantes. Une offre pédagogique proposant des cursus de Bac à Bac+5 a donc été rebâtie, couvrant plusieurs métiers : infrastructure, développement, gestion de projets, multimédia et tout ce qui touche au digital et au numérique. Nos étudiants suivent une formation « en initial » la première année, et enchaînent avec un parcours en alternance les quatre années suivantes. Tous les diplômes délivrés par l’IMIE sont enregistrés au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles, NDLR).
Quelles sont les valeurs pédagogiques de lIMIE ?
V.P : L apprentissage de langlais est une notion forte. En première année, la moitié de nos cours sont dispensés dans cette langue. Nos étudiants en auront forcément besoin dans le secteur de linformatique, et encore plus évidement sils souhaitent évoluer à linternational. LIMIE repose sur le principe de lécole-entreprise : les jeunes viennent chez nous non pour apprendre un diplôme mais pour se former à un métier et être opérationnels à la sortie. Enfin, on prône laccompagnement, pas lassistanat : on les met en contact avec les entreprises et on les accompagne jusquà leur insertion dans le monde professionnel. Lalternance est un engagement citoyen. Bien évidemment, notre objectif cest aussi et surtout que loffre de lIMIE colle au plus près aux besoins des employeurs.
Justement, aujourdhui, quels profils intéressent les entreprises ?
V.P : Trouver un informaticien qui a des compétences techniques, ce nest pas trop difficile aujourdhui, quoique le secteur souffre quand même d’une pénurie. Il est clair que les écoles manquent de jeunes à lentrée. Mais la recherche se fait surtout sur le savoir-être : trouver quelquun qui va correspondre à lesprit et aux activités de lentreprise. Nous on est milieu et on joue le rôle de passerelle afin que les bons profils aillent au bon endroit. Aujourdhui, un informaticien doit être polyvalent, bien plus qu’aupravant : on va lui demander dintervenir aussi bien sur un Mac que sur un PC, également sur des téléphones portables ou encore des serveurs
Quels sont les taux demploi à la sortie de lIMIE ?
V.P : Aujourdhui nos taux de placement tournent entre 80 et 90%. Mais ça ne dépend pas que de lIMIE. Il faut avoir de bons jeunes, une offre pédagogique adaptée et un marché de lemploi actif.
Justement, dans quelle mesure la crise impacte les métiers de linformatique ?
V.P : Cest un secteur qui sent la crise mais qui ne la connaît pas. Je mexplique : les métiers de linformatique sont fragilisés par la situation de leurs clients qui, eux, sont en crise profonde, mais les débouchés existent. La vraie pénurie nest pas sur loffre demploi ni sur les projets mais sur le nombre de jeunes qui veulent se lancer dans linformatique et en faire leur profession. Le secteur a besoin de bras.
Comment expliquer cette « désaffection » ?
V.P : Le manque de femmes, par exemple. Elles ne représentent que 6% des effectifs. Il y a un vrai travail de sensibilisation à faire à ce niveau-là, notamment en brisant certains clichés. Linformatique daujourdhui, ce nest plus linformatique de papa ni le développement de jeux vidéo, voilà ce qu’il faut dire aux jeunes. Le métier a complètement changé et reste en perpétuelle évolution. LIMIE réfléchit via ADN Ouest (association des décideurs du numérique de l’Ouest, NDLR) et avec le Syntec (Syndicat professionnel de l’ingénierie et des services de linformatique) sur les actions à mener pour sensibiliser les jeunes. Il faut des opérations dampleur et précoces, dès la classe de 3ème .
Que pensez-vous du projet décole informatique (« école 42 ») initié par le patron de Free Xavier Niel ?
V.P : Cest une très bonne nouvelle. Toutes les initiatives qui visent à faire bouger les lignes et à apporter des innovations dans les méthodes denseignement sont bonnes à prendre. Nous-mêmes on va chercher des nouveautés, continuellement, parfois à létranger. Je ne vois pas Xavier Niel comme un concurrent, mais comme un confrère.