Notre-Dame des Landes : une victoire pour les manifestants ?

Après la forte mobilisation de samedi sur le périphérique de Nantes, le dossier du nouvel aéroport va reprendre son cours normal sur le terrain judiciaire. Mais le calendrier électoral et le contexte politique vont sans doute contraindre François Hollande à enterrer cette bombe à fragmentation.

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Combien étaient-ils, samedi, sur le périph de Nantes ? En pareilles circonstances, policiers et manifestants, jamais sur la même longueur d’ondes, se chicanent comme à plaisir sur l’ampleur de la démonstration de forces : quoi qu’il en soit, on peut annoncer, sans trop se tromper, qu’ils étaient au moins 10 000 à défiler autour de la métropole, rejoints par une cohorte de quelque 2 000 cyclistes et une lourde armada de 400 tracteurs. Voilà pour les chiffres. Les faits maintenant : contrairement à ses devancières qui, dans un climat d’extrême tension ravivé par la mort du militant écologiste Rémi Fraisse à Sivens (Tarn), avaient laissé des traces dans le centre-ville de Nantes en 2014, cette mobilisation périphérique ne s’est pas laissée déborder par les casseurs, et s’est déroulée dans un calme relatif empreint d’une évidente détermination.

A preuve, en soirée, une poche de 300 résistants avaient entrepris de maintenir le blocus du pont de Cheviré, finalement évacué vers minuit par la police à renforts de gaz lacrymogène et autres canons à eau. Opération musclée dont s’est félicité le nouveau président de Région Bruno Retailleau (LR), prompt à jouer la carte du volontarisme sur ce dossier explosif : « Cette évacuation est une première victoire contre les zadistes. Elle en appelle une autre : l’évacuation de la ZAD de Notre- Dame-des-Landes, qui seule permettra de rétablir l’Etat de droit et de lancer les travaux de l’aéroport » a-t-il réagi.

Nouveau round judiciaire

Quel est le calendrier à court terme ? Mercredi, le tribunal de Nantes se prononcera sur l’expulsion des derniers habitants concentrés sur la ZAD, une zone humide où doit s’élever le nouvel aéroport à une échéance encore indéterminée. Mais, à Paris, ce projet local reste un boulet attaché au pied de François Hollande déjà en froid avec ses alliés écologistes, qui font front commun avec les opposants. Dans l’entre-deux tours des élections régionales, EELV avait conclu un accord avec le candidat socialiste Christophe Clergeau, qui prévoyait la réalisation d’une « étude indépendante » sur l’hypothèse d’une rénovation de l’actuel aéroport Nantes-Atlantique. Mais la victoire de la droite a balayé cette option et ouvert la voie à une entrée en scène rapide des bulldozers, comme l’avait annoncé le premier ministre Manuel Valls à l’automne dernier.

Depuis, le gouvernement, divisé sur la question, semble avoir ajusté sa stratégie en jouant sur la corde sensible de la tergiversation : dans les hautes sphères parisiennes, il se dit que François Hollande réfléchirait à un moyen de geler le dossier dans la perspective de 2017 et d’une seconde candidature qu’il devra, à un moment ou à un autre, négocier avec les écologistes. Le timing est d’autant plus serré et incertain que les opposants n’ont pas déserté le terrain judiciaire : déboutés en juillet 2015 par le tribunal administratif, ils ont saisi la cour d’’appel afin qu’elle examine la conformité du projet d’aéroport avec la Loi sur l’Eau et la sauvegarde des espèces protégées. Une procédure qui n’aboutira pas avant plusieurs mois.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).