Nantes : l’arrivée des coopératives sur le marché du funéraire

Les coopératives funéraires sont des entreprises offrant des prestations funéraires éthiques « au prix juste » et dont la gestion de la société est désintéressée. Ce modèle originaire du Québec se développe à l’international et notamment en Angleterre et en France. Faisons le point sur ces nouveaux arrivants !

Les coopératives funéraires, les nouveaux acteurs qui bouleversent le marché du funéraire

 

En Angleterre, l’arrivée de Funeralcare CO-OP (Co-operative Group Limited) sur le marché a été un bouleversement pour les concurrents et notamment pour Dignity, l’un des leaders du marché. Offrant des prestations similaires à prix cassés, les coopératives ont gagné des parts de marché et les concurrents ont vu leurs marges s’écrouler en tentant de s’aligner. Il en était de même pour leurs investissements : n’étant plus capable de verser autant de dividendes, le cours de la bourse de Dignity a chuté depuis 2017.

En France, c’est en 2016 que la Coopérative Funéraire de Nantes s’est implantée et a donné l’impulsion aux villes de Bordeaux (Sypres) et Rennes (Coopérative Funéraire de Rennes). Le public a particulièrement bien accueilli ces nouvelles sociétés arrivant sur un marché jugé parfois opaque.

Malgré une domination des pompes funèbres traditionnelles dans les parts de marché, les coopératives funéraires françaises voient leur nombre d’adhérents augmenter au fil des mois. À Nantes, le nombre de société a franchi les 500 membres à fin 2019, en seulement 3 ans donc.

Doit-on s’attendre à une diminution des coûts des funérailles grâce aux coopératives ?

 

Lorsque l’on se renseigne sur le marché du funéraire dans de nombreux pays, on peut lire « We can’t afford to die ». De nombreuses familles endeuillées rencontrent des difficultés financières suite à l’organisation de funérailles.

En effet, ces coûts sont élevés dans de nombreux pays et ont d’ailleurs augmenté durant les 20 dernières années, dans des proportions bien supérieures à l’inflation. C’est notamment le cas en Angleterre et en France.

Après des années d’augmentation des prix, la courbe semble finalement vouloir s’inverser sous plusieurs effets.

Tout d’abord, avec la digitalisation, la comparaison des prestations et des tarifs devient plus accessible au grand public et les familles se renseignent avant de choisir leurs pompes funèbres.

En ce qui concerne l’Angleterre, l’arrivée fracassante de CO-OP sur le marché a lancé une guerre des prix, les concurrents devant faire face, les tarifs diminuent de façon générale. Quelques années plus tôt, le modèle coopératif a également eu un impact baissier sur les prix au Québec.

Ajouté à cela, les membres d’une coopérative bénéficient généralement de tarifs réduits sur leurs propres funérailles. À Nantes, ce mode de fonctionnement est également offert aux sociétaires.

Enfin, depuis quelques années, les familles endeuillées semblent choisir des prestations funéraires plus simples, moins traditionnelles, avec moins d’options et donc moins coûteuses. Les coûts des funérailles diminuent donc également du fait des demandes des clients.

Nous pourrions croire que la diminution des tarifs des pompes funèbres est en marche, toutefois, des acteurs semblent vouloir maintenir les prix à un certain niveau. C’est notamment le cas de Dignity en Angleterre qui a déclaré avoir besoin de clarté de la part de l’Autorité de la Concurrence et des Marchés (CMA – Competition & Market Authority), qui examine les options, notamment le plafonnement des prix et un mécanisme national de fixation des prix. Sur le marché du funéraire, qui est resté pendant longtemps l’apanage de grands groupes financiers, l’arrivée de nouveaux entrants (coopératives, modèles low cost, groupes mutualistes) bouscule les forces en présence. Le modèle historique résiste, seulement son évolution est inévitable.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).