Notre-Dame-des-Landes : des chiffres truqués ?

Le contenu du permis de construire du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) renforce dans leur conviction les opposants au projet qui soupçonnent l’administration et le constructeur Vinci de bluffer sur les chiffres pour justifier l’abandon de l’actuel équipement de Bouguenais et son remplacement par une nouvelle infrastructure.

Pendant la campagne des municipales, la majorité socialiste de Nantes avait promis aux écologistes de repousser le début des travaux du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes tant que la justice n’aura pas statué sur tous les recours judiciaires déposés par les opposants au projet. Cet engagement a été respecté : pour l’instant, les 1 500 hectares voués aux pelleteuses restent morne plaine. Mais pour combien de temps ? Tout et son contraire a été dit depuis plusieurs semaines. Fin août, Daniel Cohn-Bendit rapportait des propos « off » du premier ministre Manuel Valls assurant l’élu vert Jean-Vincent Placé que « cet aéroport ne se fera pas ». Bluff ?

Quelques semaines plus tard, un document remis en préfecture de Loire-Atlantique plaçait la construction du barreau routier destiné à desservir l’infrastructure au rang des chantiers prioritaires. Re-bluff ? Rappelons qu’en avril dernier, une procédure d’infraction lancée par Bruxelles s’ajoutait aux différents recours déposés par les « antis » : les commissaires européens reprochaient aux autorités françaises de ne pas s’être conformées aux règles communautaires (en matière d’environnement) pour boucler le dossier sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Ce qui est sûr, à cette heure, c’est que « l’instruction du permis de construire a été suspendue dans l’attente des recours sur les arrêtés environnementaux ». Voilà ce qu’a annoncé ce vendredi le Préfecture de Loire-Atlantique. Est-ce une surprise ? Non. Une information ? Pas vraiment.

Ouverture repoussée en 2020 ?

Beaucoup plus intéressantes furent les révélations du Canard Enchaîné en date du 8 octobre dernier : le journal satirique, citant plusieurs éléments chiffrés inscrits sur le permis de construire (non validé), en arrivait à la conclusion que « la quasi-totalité des salles, des espaces et des équipements de l’aérogare prévus à Notre-Dame-des-Landes (exceptées la galerie commerciale et la zone de livraison des bagages, NDLR) sont au-dessous des préconisations de l’aviation civile », des normes qui prévalent pourtant pour l’équipement de Bouguenais. Que dissimulent ces incohérences ? Selon plusieurs « antis », la facture de rénovation de l’actuel aéroport Nantes-Atlantique aurait été sciemment « gonflée », et les besoins surestimés pour justifier sa fermeture et son transfert ailleurs. Un étude menée au printemps dernier avec des architectes confirmait cette version en démontrant que la mise aux normes et le développement de l’actuel aéroport  permettrait de dégager « une économie nette de 349 millions d’euros » par rapport au projet pharaonique prévu à Notre-Dame-des-Landes dont le coût est estimé à 580 millions d’euros.

Interrogée sur les informations du Canard Enchaîné, la préfecture de Loire-Atlantique a, sans démentir les chiffres, souligné que « le futur aéroport du grand ouest,  parce qu’il est d’une conception innovante, optimise les fonctions aéroportuaires et sera, de ce fait, plus compact ». Et d’ajouter : « Ni trop grand ni trop petit, il sera justement conçu pour se développer en suivant l’évolution du trafic ». Re-re-bluff ?

Initialement programmée pour 2017, l’ouverture du nouvel équipement – s’il doit jamais voir le jour- , n’interviendra sans doute pas avant 2020.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).