Ce vendredi, le conseil municipal a formalisé une demande pour que l’Etat organise un référendum sur la question. La Loire-Atlantique va-t-elle (re)tomber dans le giron breton ? C’est un serpent de mer qui agite depuis plusieurs décennies le débat local et cristallise les oppositions – politiques, économiques, identitaires – dans les deux régions. Il y a les faits d’abord qui plongent leurs racines très loin dans l’Histoire : pendant près de 1000 ans (850-1790), Nantes a fait partie intégrante du duché de Bretagne, avant que la Révolution ne lui dessine un département sur-mesure, la « Loire-Inférieure » d’abord, devenue ensuite « Loire-Atlantique ». C’est en 1956 que cette dernière a été séparée de son berceau d’origine pour former la capitale d’une grande région centrée sur le fleuve Royal, les Pays de la Loire (avec Angers, La Roche-sur-Yon, Le Mans et Laval). Une réorganisation territoriale qui n’a pas fait table rase du passé, du moins dans beaucoup d’esprits. Sous la présidence de François Hollande, la création des grandes régions avait remis le sujet sur la table, en vain puisque la Bretagne, sous la pression de Rennes, avait conservé son assise, sans Nantes. Localement, l’association Bretagne réunie œuvre pour que le projet aboutisse : en 2018, elle avait réuni quelque 100 000 signatures sur une pétition demandant la tenue d’un référendum populaire. Pour répondre à ce qu’elle estime être une « expression populaire d’ampleur », Johanna Rolland, reconduite en 2020 pour au deuxième mandat à la tête de la Municipalité de Nantes, avait promis dans son programme qu’elle solliciterait l’organisation d’une consultation. Un engagement qu’elle a symboliquement couronnée du drapeau breton, hissé depuis décembre 2020 sur la façade de l’Hôtel de Ville. Ce vendredi matin, les élus nantais sont passés de la parole aux actes et formulé un vœu adressé à l’Etat afin que la question du rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne soit soumise à référendum. La procédure, purement formaliste, n’engage à rien, mais elle pèse parce qu’elle émane d’un grande métropole, la sixième de France par sa population, son poids économique, son influence politique… Pour faire suite à sa demande, la Mairie promet de constituer une instance spécifique chargée d’orienter l’Etat sur la base d’« éléments d’information objectifs » visant à mesurer les conséquences d’une fusion de Nantes et de la Bretagne en matière de compétitivité, d’emplois, de transports, d’institution… Sur le fond, la conseil municipal reste divisé : à droite et au centre, ce dossier est jugé « déconnecté » au regard de l’urgence créée par crise sanitaire.

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Le gratte-ciel, qui accueille « Le Nid » à son dernier étage, va subir d’importants travaux de désamiantage et une longue remise aux normes de sa sécurité incendie. Non, la Tour Bretagne, si décriée lors de sa construction dans les années 1970 (elle avait été inaugurée l’année de la sortie du film catastrophe « La Tour infernale »), ne va pas disparaître du paysage. Ce colosse de béton de plus de 140 mètres, qui accueille un toit-terrasse à son 32ème étage depuis 2012, dans le sillage de l’œuvre-bar « Le nid » conçu par l’artiste choletais Jean Jullien, va entrer dans une très longue et lourde période de réhabilitation. Le chantier, qui vise à désamianter le bâtiment depuis la découverte en 2017 de poussières toxiques dans des gaines de désenfumage, et à remettre aux normes son système incendie, est d’une telle ampleur qu’il va s’étaler sur cinq à dix ans. La fermeture totale de la tour interviendra très prochainement, dès le 30 juin. La décision a été prise lundi au cours de l’assemblée générale des 70 copropriétaires de ce monument, devenu un « haut » lieu du tourisme (2 millions de visiteurs grâce au Nid, perché à 120 mètres) où subsistent encore, dans les niveaux inférieurs, quelques activités tertiaires : Wall Street English, un centre de formation, est installé encore pour quelques jours au 16ème. Juste au-dessus, des startups y sont domiciliés et Nantes Métropole, propriétaire d’une importante surface de bureaux, y compte encore quelques agents administratifs. Le Centre de Communication de l’Ouest occupe, lui, le rez-de-chaussée. La nature du projet qui sera mis en œuvre reste suspendu à la décision des nouveaux propriétaires, les investisseurs immobiliers Giboire et Lamotte : les deux groupes ont respectivement racheté 30 et 12% des parts de la Tour Bretagne. Nantes Métropole y détient encore les siennes (un tiers des étages) mais l’Etat souhaite céder son portefeuille (20%). Outre la nécessaire rénovation du second œuvre, le programme pourrait déboucher sur une formule mixte où l’offre en locaux professionnels se combinerait à celle de logements. L’idée générale, développée par Eric Warin, président du conseil syndical de copropriété, plaide en faveur d’une transformation architecturale et des usages pour faire de la Tour Bretagne « un bâtiment de son temps » et plus respectueux de l’environnement. Qu’adviendra-t-il du parking souterrain ? Le lieu, indépendant de l’espace de stationnement NGE Tour Bretagne, propose aujourd’hui 354 places, dont une cinquantaine sont ouvertes au public (le reste du stationnement est privatif). Pour l’heure, les décideurs n’ont toujours pas statué sur leur sort.

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Une association, qui milite pour le projet, a recueilli 100 000 signatures et prétend vouloir s’appuyer sur un droit juridique afin de réclamer un référendum portant sur la fusion des deux territoires. Serpent de mer en Loire-Atlantique depuis la deuxième guerre mondiale, au cours de laquelle le régime de Vichy, qui s’était établi dans la France occupée, avait créé des nouvelles régions économiques dont sont issus les Pays de la Loire actuels, la réunification de Nantes à la Bretagne, son berceau historique, refait surface à la faveur d’une nouvelle pétition lancée par une association très engagée dans ce débat quasi-séculaire. Le groupe en question, réuni sous la bannière « Bretagne réunie » depuis 1976, tente cette fois de faire pression sur le président du conseil départemental de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet (PS) afin qu’il inscrive à l’ordre du jour de son assemblée un projet référendum portant sur le rattachement du 44 aux cinq autres entités bretonnes, Morbihan (56), Côtes du Nord (22), Finistère (29) et Ille-et-Vilaine (35). Une Bretagne avec trois capitales ? L’association, qui fonde la légitimité de son combat sur une pétition de 100 000 signatures recueillies sur le terrain depuis deux ans, compte s’appuyer sur un levier juridique introduit par la Loi Notre de 2015 sur la réorganisation des Régions de la métropole : il s’agit d’un droit d’option en vertu duquel chaque département est habilité à réclamer son rattachement à une autre entité territoriale. Or, le temps est compté : les textes officiels fixent à mars 2019 le délai légal sous lequel ce type de procédure, au demeurant très longue et complexe peut être engagé. Au moins deux obstacles se dressent sur la route de l’association « Bretagne Réunie » : Philippe Grosvalet d’abord, peu favorable à l’idée d’une fusion de Nantes avec la Bretagne où Rennes fait déjà office de capitale régionale. Ensuite, les modalités de ce droit d’option, définies par la loi n°2015-29, qui imposent de d’obtenir l’aval à la majorité des 3/5èmes « du conseil régional d’origine (en l’espèce les Pays de la Loire), de la Région d’accueil (Bretagne) et du département concerné (Loire-Atlantique) ». Or, dès 2015, un important noyau d’élus rennais, portés par leur chef de file d’alors Jean-Yves Le Drian, devenu ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères sous la présidence d’Emmanuel Macron, a exprimé une franche opposition à la perspective d’un retour de Nantes dans le giron breton. Il est tout aussi peu probable que le Conseil des Pays de la Loire approuve ce qui s’apparenterait à un démantèlement, avec le retrait de la Loire-Atlantique, département moteur, de surcroît, au sein de l’espace ligérien. Un front uni devant lequel l’association pétitionnaire brandit un argument : « Cette identité territoriale, c’est iprimordial pour le tourisme, pour le développement du port Nantes-Saint-Nazaire, mais aussi pour les nombreuses entreprises qui veulent cette étiquette positive bretonne. Quant à la rivalité entre les villes, on peut imaginer trois capitales : Brest pour l’aspect maritime, Rennes pour l’administratif et Nantes comme capitale économique. »

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Le président de l’Assemblée nationale et député de Loire-Atlantique François de Rugy, qui soutient le transfert administratif de Nantes vers la Bretagne, s’est dit prêt à entendre les doléances d’un groupe d’élus résolus à faire aboutir le projet. Nantes va-t-il basculer dans le giron breton ? Ce débat, qui paraît vieux comme l’Armorique, remonte en fait à l’époque beaucoup plus récente du régime de Vichy. En 1941, en pleine occupation allemande, un décret gouvernemental avait créé de nouvelles régions économiques dont le découpage à l’Ouest séparait, pour la première fois, le Loire Inférieure -ancêtre de la Loire-Atlantique –du Morbihan et de la Bretagne, entité réduite à quatre départements. 15 ans plus tard, les Pays de la Loire, nés sur cette nouvelle base territoriale, voyaient le jour dans leur configuration actuelle, ouvrant, ici ou là, des vagues de contestation parmi les plus fervents contempteurs de cette « erreur » historique. Débat au Conseil régional de Bretagne Immanquablement, le débat avait été rouvert en 2014 au moment de la création des superrégions sous l’ère Hollande. Mais le camp de la réunification était ressorti de la bataille gros-jean comme devant. Au final, après avoir successivement envisagé de fusionner Pays de la Loire et Bretagne, puis Pays de la Loire et Poitou-Charentes, la voie du statu quo l’avait emporté sous la pression des barons locaux, au rang desquels Jean-Yves le Drian à Rennes et Jean-Marc Ayrault à Nantes. Vendredi, c’est un groupe d’opposition au Conseil de Bretagne, composé d’élus LR, du Centre et de militants régionalistes, qui a remis le dossier sur la table au moyen d’un amendement visant à débloquer des fonds à hauteur de 500 millions d’euros pour constituer un groupe de travail idoine. Si la proposition a, sans grande surprise, été rejetée par la majorité, le président de l’Assemblée Loïg Chesnais-Girard, successeur de Jean-Yves Le Drian, a laissé la porte ouverte à la reprise d’un débat sous l’égide d’une mission déjà existante, coprésidée par Jean-Michel Le Boulanger, son premier vice-président, et Isabelle Le Bal, élue quimpéroise qui siège aussi dans les travées de l’opposition régionale (source : le télégramme.fr). Tous deux auraient d’ailleurs déjà demandé audience auprès du chef du Palais Bourbon, François de Rugy, également député de Nantes connu pour ses positions favorables à la réunification des deux territoires : dans les colonnes du journal 20 Minutes, l’ancien Vert s’était engagé, en octobre dernier, à user de son influence pour proposer et « plaider en faveur d’une Bretagne à cinq départements », projet qui suppose, en creux, un rattachement de Nantes à son berceau d’origine.

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Selon une étude de l’Insee, Pays de la Loire est une des régions françaises qui a le mieux traversé la crise entre 2008 et 2013. Non la France n’est pas « un agrégat de peuples désunis » comme avant 1789. Mais toutes les régions ne se partagent pas le gâteau de la croissance économique de manière équitable. A ce titre, la grande crise de 2008 a révélé les atouts des certains territoires, et souligné les retards accumulés par d’autres. Selon une étude de l’Insee qui mesure l’évolution du PIB des régions françaises entre 2008 et 2013, quatre grandes régions françaises subissent encore le contre-choc de la dépression économique qui s’est enclenchée au cours de cette période, marquée en Europe par une crise des dettes souveraines et de lourdes incertitudes sur l’avenir de la monnaie unique et plus globalement de l’Union Européenne. En Normandie, le PIB a reculé de -0,1%, de -0,4% dans le Nord Pas de Calais-Picardie, et de -0,8% en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Mais la situation la plus dégradée a été observée en Bourgogne Franche-Comté où la croissance a chuté de -1,1%. Ile-de-France, la région la plus riche Attention toutefois car ces chiffres prennent en compte la nouvelle répartition territoriale engagée par la formation des superrégions en 2016. Ce n’est toutefois pas le cas en Pays de la Loire, entité qui a été maintenue telle qu’elle avait été dessinée en 1956, comme sa voisine bretonne. Selon l’Insee, ces deux ensembles figurent dans le groupe des régions françaises qui se sont le plus vite redressées depuis 2008, bien que les effets de la crise s’y fassent, comme partout ailleurs, toujours durablement sentir. Le résultat ligérien est légèrement meilleur que celui de son homologue breton : enPays-de-la-Loire, le PIB a progressé de +0,6% entre 2008 et 2013 (contre +0,2%). C’est toutefois moins qu’en Aquitaine (+0,7%), en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées (+0,8%) et Provence Alpes Côte-d’Azur (+1%). Le PIB par habitant atteint 28 647 euros en Pays de la Loire, 2 000 euros de plus qu’en Bretagne. C’est beaucoup moins qu’en Ile-de-France (53 639 euros), région la plus riche de France. Voir l’étude de l’Insee

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